Hackathon Egalité femmes-hommes : de nouvelles solutions pour l’égalité professionnelle
Un « serious game » sur le sexisme au travail, une plateforme web pour valoriser les auteures auprès des enseignants et du grand public, une application pour mesurer et valoriser le temps passé à s’occuper des tâches domestiques : ces 3 projets ont été récompensés, dimanche 5 mars, par Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, à l’issue du #HackEgalitéFH, un hackathon consacré à l’égalité professionnelle femmes-hommes. Ces 3 projets novateurs vont à présent être accompagnés pour être réalisés dans les prochains mois.
L’égalité femmes-hommes est un défi collectif
Dans le cadre du plan d’actions et de mobilisation contre le sexisme « Sexisme, pas notre genre », Laurence Rossignol a souhaité, à l’automne 2016, un hackathon permettant d’enrichir la politique du ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes en matière d’égalité professionnelle. L’enjeu est de taille : en 2012, en France, le salaire net moyen des femmes dans le secteur privé était inférieur de 19% à celui des hommes. Parmi les nombreuses causes sous-jacentes de cette inégalité, la ministre souhaitait mettre un accent particulier sur l’articulation des temps entre vie professionnelle et vie personnelle, et la répartition des tâches ménagères au sein des foyers. Avec le soutien du secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP) et de la direction générale de la cohésion sociale (DGCS), un consensus a émergé parmi les communautés impliquées sur ce sujet, pour appeler à de nouvelles solutions et les construire de manière collective.
Trois projets lauréats
Lors de ce week-end plein d’énergie créative, le #HackEgalitéFH a mobilisé près d’une centaine de personnes, regroupées en 8 équipes qui ont « pitché » dimanche 5 mars devant le jury. Les 3 projets lauréats de ce hackathon sont :
« Sexism in the office » : un « serious game » qui sensibilise les collaborateurs et collaboratrices aux comportements sexistes sur le lieu de travail, en faisant vivre des scènes du point de vue de l’auteur de l’acte, de la victime, ou du témoin, et donne les clés pour agir et ouvrir le débat au sein de l’organisation ;
« George, le deuxième texte » : une plateforme web qui met à disposition des enseignants et du grand public une base de textes écrits tant par des femmes que par des hommes, de la manière la plus exhaustive et paritaire possible et en lien avec les thèmes du programme scolaire ;
« Maydée » : une application qui permet de quantifier et valoriser le temps passé à s’occuper des tâches domestiques, et d’objectiver la discussion à ce sujet au sein du foyer.
Comme l’a rappelé Laurence Rossignol, « en organisant ce hackathon, nous souhaitions offrir un cadre de réflexion pour permettre à l’intelligence collective de s’exprimer et construire ensemble une dynamique d’innovation sociale en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes ». Elle a enfin tenu à saluer la qualité de tous les projets présentés, et la mobilisation de tous les participants, qui contribue à « donner du souffle à notre société et à renouveler les formes de l’engagement citoyen ». Les trois projets lauréats vont à présent bénéficier d’un accompagnement de quatre mois dans le cadre de l’incubateur du Tank, avec l’association Social builder, pour consolider et réaliser ces projets. La DGCS et le SGMAP participeront à ce suivi, afin d’intégrer pleinement ces innovations dans la politique nationale d’égalité professionnelle.
10 membres du jury
Le jury du #HackEgalitéFH était composé d’institutionnels, d’entrepreneurs, et d’un média :
- Gilles Babinet, « Digital champion » de la France auprès de la Commission européenne
- Clémence Bodoc, rédactrice en chef de madmoizelle.com
- Véronique di Benedetto, vice-présidente France d’Econocom, administratice du Syntech numérique et présidente de la commission Femmes du numérique
- Brigitte Grésy, secrétaire générale du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle
- Mathieu Maire du Poset, entrepreneur, ex-directeur adjoint d’Ulule
- Guillaume Bernard, directeur associé de Spintank
- Emmanuelle Larroque, CEO de Social Builder
- Stéphanie Seydoux, cheffe du service des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes
- Henri Verdier, directeur interministériel du numérique et du système d’information de l’Etat, SGMAP
- Françoise Waintrop, cheffe-adjointe du service de stratégies interministérielles de modernisation, SGMAP
Un « hackathon augmenté »
Pour répondre à ce défi collectif, le SGMAP a proposé au ministère et à DGCS d’organiser un nouveau type de hackathon. L’idée est d’élargir le format habituel d’un week-end de conception rapide de prototypes de solutions basées sur l’usage de données, en l’augmentant de plusieurs manières :
- en faisant précéder ce week-end d’une journée de créativité, pour faire émerger des pistes de solutions de manière ouverte, les données venant ensuite les enrichir ;
- en démarrant cette journée de créativité par des interventions d’experts sur le sujet de l’égalité professionnelle femmes-hommes, et de l’administration en charge de ce sujet, pour amener les participants à proposer des solutions aux enjeux identifiés aujourd’hui comme prioritaires ;
- en diversifiant les profils des participants, pour obtenir des solutions co-construites par des agents publics, des représentants d’associations, d’entreprises, des citoyens et des développeurs ;
- en veillant à ce que les solutions proposées, numériques ou non, intègrent une attention particulière à leurs usages réels, aux comportements humains.
Cette transversalité s’est traduite au SGMAP par l’organisation d’une équipe mixte, réunissant des compétences en matière de recueil et d’analyse des données, de méthodes de créativité, et de sciences comportementales.
Une journée de créativité pour faire émerger des idées
Vendredi 24 février 2017, 70 personnes avaient rendez-vous à la DGCS pour une journée de créativité inédite dans ces murs. Accueillis par Jean-Philippe Vinquant, directeur général de la cohésion sociale, et délégué interministériel aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes, ils ont ensuite été « briefés » par 4 spécialistes du sujet :
- Anne-Cécile Mailfert, présidente de la fondation des femmes ;
- Marine Darnault, cheffe du bureau de l’égalité entre les femmes et les * hommes dans la vie professionnelle à la DGCS ;
- Mansour Zoberi, directeur de la promotion de la diversité et de la solidarité, du Groupe Casino ;
- Mariam Chammat, cheffe de projet nudge et sciences comportementales au SGMAP.
Stéphanie Seydoux, cheffe du service des droits des femmes et de l’égalité, a ensuite présenté les 4 thèmes sur lesquels de nouvelles solutions étaient attendues : la répartition des tâches domestiques et parentales au sein du foyer, l’organisation du temps de travail, la mobilisation de l’environnement extérieur, et les inégalités professionnelles. Après un temps de débat sur ces thèmes, chaque participant a choisi de rejoindre une équipe pour travailler sur un « défi » précis, avec l’aide de méthodes de créativité proposées par l’agence Nod-A. Le soir, les pistes ont été pitchées à la ministre, qui a donné rendez-vous à tous pour la deuxième étape de ce hackathon.
Un week-end pour concevoir des solutions concrètes
Vendredi 3 mars, près de 100 personnes ont répondu à ce rendez-vous, au Tank. Lancée par Laure de la Bretèche, Jean-Philippe Vinquant et Laurence Rossignol, cette 2e étape a réuni les équipes présentes à la journée de créativité, et qui ont pu s’élargir à de nouveaux participants, et de nouvelles équipes. Tous ont pu bénéficier des conseils de « mentors » venus enrichir les projets, experts de l’égalité hommes/femmes, des données, des sciences comportementales. Des ateliers étaient également organisés pour aider les équipes à pitcher, à construire un business plan et à concevoir l’ergonomie d’un service numérique à partir de l’expérience de ses futurs utilisateurs.
Des données ouvertes sur l’égalité professionnelle femmes-hommes
De nombreux jeux de données ont été mis à disposition des équipes sur le forum Etalab pour ce hackathon. Outre d’importantes bases de données issues d’institutions publiques comme l’INSEE, des opérateurs de protection sociale, ou du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, d’autres institutions se sont mobilisées pour cet événement. Infogreffe a notamment ouvert des données genrées en matière de création et reprise d’entreprises, et le groupe Casino a mis à disposition des données de gestion RH de ses collaborateurs.
S’inscrivant dans la dynamique initiée par le lancement du plan « mixité numérique » le 31 janvier dernier, ce hackathon a été l’un des premiers à rassembler autant de femmes. Autre innovation, l’accueil des enfants des participants était assuré sur place, par les associations AMEPE et Crescendo pour les plus petits, tandis que les plus grands ont pu participer à des ateliers de programmation robot organisés par l’association E-MMA et le collectif What.