L'open data en territoire : focus sur la Saone et Loire
Pierre Martinerie est vice-président du Conseil général de Saône-et-Loire, chargé du développement durable, de la démocratie participative et du projet stratégique. Responsable de la démarche d’open data pour le département de Saône-et-Loire, il nous éclaire sur la portée stratégique de l’ouverture des données publiques au sein des territoires.
1.Le 13 novembre, la démarche d’open data a été lancée au niveau du territoire de Saône-et-Loire. Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse du projet ?
P.M : La crise des finances publiques nous a poussé à analyser et à revoir l’ensemble de nos dispositifs, et donc de nos aides. Au-delà de l’exploitation de ces données, il y avait pour nous un véritable enjeu de communication auprès des citoyens. Et quitte à expliquer, autant expliquer en toute transparence en utilisant les nouveaux outils à notre disposition. Ce travail effectué, il nous fallait compléter nos données insuffisantes prises isolément. C’est pourquoi nous nous sommes tournés vers les services déconcentrés de l’Etat. Une fois le projet avalisé entre le président du Conseil général et le préfet, nous avons mis en place un COPIL pour identifier les données et le format que la libération des données prendrait. Il s’agirait d’une plateforme commune d’open data. Nous allons associer le comité d’éthique pour bénéficier d’expertise sur la pertinence et la sensibilité de tel ou tel jeu de données. Le Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique, à travers l’action d’Etalab, nous accompagne fortement dans notre démarche.
Quels sont les objectifs que vous poursuivez à travers cette démarche d’ouverture de vos données ?
P.M : Nous poursuivons avant tout un objectif de transparence démocratique en nous inscrivant dans la logique d’une collectivité qui rend des comptes à ses citoyens. Notre deuxième objectif est de renforcer l’attractivité économique de notre territoire en mettant à disposition de tous, et notamment des entreprises, des chiffres et des informations relatifs à nos marchés, notre patrimoine…A ce titre, nous suivrons de très près le concours Dataconnexions#4 organisé par le SGMAP pour percevoir les attentes des startups et repérer des bonnes pratiques de réutilisation des données publiques. Enfin, il s’agit de s’inscrire dans une démarche de modernisation de l’action publique. La mise en œuvre de l’open data sur le territoire implique de nouvelles procédures, de nouveaux métiers…
Sur quels types de données le département de Saône-et-Loire compte-t-il s’appuyer pour enrichir ce projet ?
P.M : Nous sommes aujourd’hui dans une démarche pro-active avec le souhait de mettre en ligne un maximum de données. Savez-vous qu’environ 60% des données de la collectivité sont mises à disposition de nos concitoyens ? C’est le cas des frais de fonctionnement de nos services par exemple. Ou encore les subventions attribuées à telle ou telle association. Cela représente environ 70 000 fichiers sur toutes les activités du département. Les données jugées sensibles comme les données personnelles ne sont pas mises en ligne. Nos données seules ne sont pas suffisantes, beaucoup méritent d’être croisées avec des données convergentes comme celles de l’Etat ou encore celles des délégataires de services publics. C’est cette collaboration qui rendra les données publiques stratégiques et cohérentes et qui nous permettra de décrire les territoires de demain, à l’instar de la mise à disposition des POS (plans d’occupation des sols), des PLU (plans locaux d’urbanisme) et des SCOT (schémas de cohérence territoriale).
Quels sont, selon vous, les principaux avantages que les territoires peuvent tirer de l’ouverture des données publiques ?
P.M : Il y a d’abord des craintes, comme celles de perdre la maîtrise de l’information ou de rendre confuse notre présence dans le débat public. Je pense que ces craintes ne sont pas justifiées. La libération des données publiques peut être un véritable accélérateur de proximité dans le débat, mais aussi de compétitivité. Pour les territoires, l’open data permet de construire des outils de projection efficaces. Véritable outil d’aide à la décision, l’open data dispose aussi d’une réelle capacité d’entraînement des collectivités en élevant toujours plus le niveau de confiance et de partage d’informations entre les acteurs des collectivités.