Rapport : Évaluation des besoins de l’État en compétences et expertises en matière de donnée
2021 s’est démarquée comme une année inégalée en matière de politique publique de la donnée : utilité de l’open data et du pilotage par la donnée à l’aune de la crise sanitaire, ambition gouvernementale renouvelée par la circulaire du Premier ministre du 27 avril 2021, élaboration d’une feuille de route et mise en place d’administrateurs des données, des algorithmes et des codes sources (AMDAC) dans chaque ministère, multiplication des projets d’amélioration des services publics par la donnée dans toutes les administrations… La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques a présenté le 27 septembre 2021 les quinze feuilles de route ministérielles en matière de données publiques.
Dans ce contexte de place croissante de la donnée dans les stratégies, organisations et recrutements publics, il est apparu indispensable de disposer d’une évaluation qualitative et quantitative des besoins de compétences et d’expertise en la matière, ainsi que des réponses à y apporter à court et moyen terme.
Une mission a été conduite entre février et juin 2021 par une équipe conjointe réunissant des représentants de la direction interministérielle du numérique (DINUM) et du directeur général de l’Institut de la statistique et des études économiques (INSEE). Leur rapport, remis à la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, est aujourd’hui rendu public.
Les résultats de ces travaux viennent alimenter directement la feuille de route ministérielle en matière de données, algorithmes et codes sources du ministère de la transformation et de la fonction publiques : une série des recommandations ont d’ores et déjà été intégrées au plan d’action. Ce rapport nourrira par ailleurs la mission relative aux corps techniques lancée par le Premier ministre.
Fruit de 80 auditions et d’une enquête auprès des administrations de l’État et avec les différentes catégories d’acteurs concernés, cette analyse formule 12 recommandations visant à améliorer la prise en compte par l’action publique des enjeux métier comme humains liés à la donnée.
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Le chapitre 1 du rapport rappelle en premier lieu les enjeux de la politique de la donnée et les mesures gouvernementales destinées à accompagner le développement de cette politique, qu’il s’agisse de dispositifs ciblés sur le domaine des données et de l’intelligence artificielle ou de dispositifs concernant plus généralement la filière et la transformation numériques des administrations de l’État.
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Le chapitre 2 dresse ensuite un panorama des différents métiers de la donnée retenus par la mission, en soulignant leurs particularités ainsi que les exigences et risques spécifiques qui leur sont attachés, la puissance des outils et le volume de données disponibles ne suffisant pas à garantir la pertinence des résultats obtenus. Il présente à ce titre les prérequis indispensables pour une mise en œuvre efficiente de ces métiers, tant en termes de qualité des données, d’infrastructures techniques que de nécessaire acculturation de l’encadrement ainsi que les risques à considérer les data scientists, sous le seul angle technique.
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Le chapitre 3 présente les résultats de l’enquête menée par la mission qui permet pour la première fois de dresser un état des lieux des compétences data au sein de l’État par métier et d’en préfigurer l’évolution dans les deux prochaines années. Ces résultats sont mis en perspective avec la capacité des corps de l’État à alimenter un vivier de fonctionnaires spécialisés dans les métiers de la donnée et conduisent la mission à formuler des recommandations pour améliorer la réponse au besoin de compétences.
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Le chapitre 4 met en lumière la nécessité de développer une gestion dynamique des compétences avec une attention particulière portée à la formation continue, à l’évaluation et au suivi des compétences, aux possibilités de mobilité et de parcours et à une réponse ciblée au besoin de fidélisation des contractuels. La mission considère que les mesures du plan d’action en faveur de la filière numérique portées par la DINUM doivent à ce titre faire l’objet d’une déclinaison spécifique pour les métiers de la donnée et recommande des mesures complémentaires ciblées.
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Le chapitre 5 examine la place qu’occupent les services statistiques ministériels au sein des écosystèmes ministériels de la donnée et la contribution qu’ils pourraient apporter aux besoins de compétences des directions de leurs ministères en exploitant davantage les synergies entre les expertises développées dans le cadre des travaux de statistique publique et celles qui sont nécessaires à une exploitation des données à des fins opérationnelles. Des recommandations sont formulées dans ce sens ainsi qu’en faveur d’une collaboration plus étroite des services statistiques ministériels avec les administrateurs ministériels des données et les services chargés du numérique.